Colloque de la SPAP : l’enregistrement disponible

25 avril 2025

Revivez le colloque d’ouverture de la SPAP!

Le 19 mars dernier, la 20ème Semaine pour les Alternatives aux Pesticides s’ouvrait par un colloque à l’Assemblée Nationale. Organisé avec la députée de l’Orne Chantal Jourdan, ce colloque fût l’occasion d’amener au plus près du pouvoir politique les enjeux liés aux pesticides. Trois tables rondes sont revenues sur l’évolution des politiques agricoles françaises, les effets des pesticides sur la santé environnementale et humaine, et enfin les alternatives qui existent déjà.

Preuve que le sujet est brûlant, ce colloque d’ouverture a fait salle comble avec plus de 200 personnes présentes ! 

Séléction des interventions

Chantal Jourdan, députée de l’Orne : « Face à ce désastre sanitaire et écologique, les agriculteurs et agricultrices sont les premiers touchés. »

Dans son discours d’ouverture, Chantal Jourdan a souligné le nombre important d’empoisonnements dont les pesticides sont responsables.  Malgré cela, plusieurs obstacles se dressent depuis quelques années contre la réduction de l’usage des pesticides : l’abandon de l’indicateur Nodu du plan Ecophyto en 2024, la loi d’orientation agricole peu ambitieuse de cette année, et les propositions de lois qui menacent les régulations environnementales, comme celle du Sénateur Duplomb.

Table ronde 1 : 20 ans de lutte contre les pesticides, bilan, reculs et acquis

François Veillerette, porte-parole de Générations Futures :  « En supprimant le NODU, Gabriel Attal n’a pas écouté les experts chargés de conseiller le gouvernement sur les indicateurs. »

François Veillerette a retracé l’histoire de l’indicateur NODU (nombre de doses unité), utilisé pour mesurer le suivi des objectifs du plan Ecophyto depuis 2008. Cet indicateur a été finalement abandonné en 2024 pour l’indicateur européen HRI-1. Ceci marque un recul dans les objectifs de réduction des pesticides, car alors que le NODU prenait en compte l’intensité de dosage des pesticides, l’HRI-1 mélange quantité et risque. M. Veillerette a expliqué que la nouvelle méthodologie donne un résultat beaucoup plus optimiste sur la réelle baisse des pesticides, voire favorise certains pesticides dangereux.

Florence Denier-Pasquier, de FNE et membre du comité national de l’eau : “La contamination des pesticides dans les eaux est généralisée.”

Florence Denier Pasquier a ensuite présenté l’échec des politiques publiques quant à la présence de pesticides dans l’eau potable ou souterraine. Elle illustre que cela pose un problème de plus en plus pressant, car en cas de sécheresse, de nombreuses communes françaises n’ont plus les capacités de diluer les eaux polluées de leurs sites de captages.

Manon Meunier, députée de Haute-Vienne : “Avec la LOA, on lève des contraintes environnementales et sociales pour s’aligner sur le moins-disant international”. 

Manon Meunier a insisté sur le besoin d’un changement systémique de l’agriculture française afin que le modèle agroécologique devienne le plus rémunérateur. Elle a cité plusieurs exemples, comme une meilleure distribution des budgets de la PAC.

Richard Ramos, député du Loiret : « C’est la volonté politique et globale qui manque.”

Pour conclure cette première table ronde, Richard Ramos a apporté une vision plus large sur l’agriculture et l’alimentation, et a témoigné de la difficulté de trouver une majorité politique sur le sujet des pesticides.

Table ronde 2 : Pesticides et effets sur le vivant, ce que la science nous apprend

Sylvie Bortoli, toxicologue : « Il est essentiel de réévaluer périodiquement les connaissances sur les liens entre pesticides et santé, et d’orienter les actions publiques vers une meilleure protection des populations.”

En ouverture de cette table ronde scientifique, Sylvie Bortoli a rapporté les conclusions d’une expertise collective de l’INSERM concernant les liens entre les pesticides et la santé. Cette étude a analysé plus de 5’000 documents sur le sujet, et a renforcé la plausibilité d’un lien entre certaines pathologies et les pesticides.

Sylvain Chamot, médecin du travail : “On crée des fonds d’indemnisation, mais on ne se donne pas les moyens de faire mieux en terme de prévention et de diminution de l’exposition aux pesticides.”

Sylvain Chamot est revenu sur la création du Fonds d’indemnisation des victimes de pesticides en 2021, qui reconnaît que l’exposition professionnelle parentale aux pesticides peut favoriser l’apparition de certaines maladies chez l’enfant. Il a aussi présenté les travaux du centre régional de pathologies professionnelles et environnementales du CHU d’Amiens.

Jean-Marc Bonmatin, chercheur au CNRS : “Sur une base scientifique, ces molécules ne devraient plus revenir.”

En conclusion de cette table ronde, Jean-Marc Bonmatin fait l’état des lieux des effets des pesticides sur le vivant, en prenant en exemple certains néonicotinoïdes, insecticides particulièrement dangereux pour les pollinisateurs. Il a aussi présenté des recommandations pour améliorer l’évaluation des pesticides par l’ANSES, agence en charge de leur autorisation de mise sur le marché.

Table ronde 3 : Les alternatives aux pesticides, témoignages et solutions

Philippe Collin, ancien porte-parole de la Confédération Paysanne : “Aussi longtemps que l’on utilise soi-même des pesticides, on ne peut pas se dire que c’est mauvais.”

Philippe Collin a témoigné de son expérience passée en tant qu’agriculteur conventionnel et de la maladie qui a découlé de son usage professionnel des pesticides. Il a aussi discuté du manque de soutien étatique au maintien de l’agriculture biologique.

Bertrand Omon, ingénieur agronome à la retraite : “La diversité des pratiques est la meilleure parade pour apporter de la robustesse au système.”

Bertrand Omon a présenté le bilan des fermes du réseau DEPHY, une des actions phares du plan Ecophyto, qui avait pour objectif de produire avec moins de pesticides tout en restant économiquement rentable. Il a aussi discuté des enjeux qui attendent les alternatives aux pesticides et leur déploiement en France.

Philippe Camburet, Président de la FNAB : “On manque d’humilité dans une agriculture qui vise sans cesse à produire plus et à exporter à l’autre bout du monde.”

Philippe Camburet a témoigné de la transition de son exploitation familiale en agriculture biologique, et a présenté certaines solutions fondées sur la nature qui pourraient remplacer l’usage de pesticides. Il a aussi insisté sur le besoin d’accélérer la recherche sur les alternatives aux produits phytosanitaires.

Mot de conclusion

Dominique Potier, député de Meurthe-et-Moselle : “Le plan Ecophyto, c’est comme un véhicule sans pilote, sur une route sans radar et dont les passagers passent leur temps à discuter de la destination. Nous proposons un pilotage public unifié de ce plan, au nom de la santé des hommes et de la planète.”

Dominique Potier a conclu ce colloque en présentant les travaux d’une commission d’enquête créée en 2023 par le groupe socialiste à l’Assemblée nationale. Cette commission fût chargée d’expliquer l’échec des politiques publiques françaises sur la réduction des pesticides, et a publié un rapport contenant 26 recommandations. Celles-ci incluent par exemple la nécessité de s’intéresser davantage à la pollution de l’air par les pesticides, pour l’instant peu surveillée, ou la lutte contre la concurrence déloyale des marchés internationaux en instaurant des mesures miroirs efficaces. Enfin, Dominique Potier a attiré l’attention sur le rôle du secteur agroalimentaire pour accompagner cette révolution agricole et renforcer l’efficacité du plan Ecophyto. 

 

Les tables-rondes en dessin

Si vous n’avez pas le temps d’écouter ces tables rondes dans leur entièreté, Louise Plantin, facilitatrice graphique, vous les a résumées en dessin !

Table ronde 1 :

Table ronde 2 : 

Table ronde 3 : 

Un grand merci aux intervenants qui ont partagé leurs connaissances sur les pesticides et leurs alternatives, ainsi qu’à Laurence Guichard et Martine Valo pour leur modération. Nous remercions aussi les équipes de Chantal Jourdan , de Générations Futures et de FNE qui ont participé à l’organisation de ce colloque. 

 

Ressources mentionnées durant le colloque :

 

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